Atelier du futur à Malraux

A la médiathèque André Malraux de Strasbourg, dans le cadre du festival des médiathèques engagées, Zanzibar a animé avec un groupe d’enfants de 10 à 14 ans, tous étrangers en classe d’intégration, un atelier de création du futur.

Sur 1h30 de durée (très court), on a suivi le protocole suivant.

  1. Imaginez un lieu que vous connaissez, auquel vous êtes allés. Imaginez-le dans le futur et écrivez trois phrases. (tout le monde participe : enfants, professeurs accompagnants, animateurs de la médiathèque). A la fin, on restitue et on liste lieux et dates sur un tableau
  2. Imaginez que vous partez de ce lieu, pour visiter un lieu décrit par un de vos camarades. Décrivez le moyen de transport, la durée, le voyage. Trois phrases, tout le monde participe. A la fin, on restitue au groupe.

L’ambiance a été excellente, l’atelier très agréable. On a regretté de ne pas pouvoir y passer plus de temps, voire plusieurs séances. Si c’était à refaire ? Bien sûr qu’on aimerait le refaire !

Open Zanzibar – Dijon 10 novembre 2018

Le 10 novembre, Zanzibar était à Dijon sous la forme de Catherine, Laurent, Léo et Mathias.
On s’est livré à plusieurs exercices d’écriture dont voici les protocoles. Les exercices ont eu lieu au bistro, d’où le titre.
Les textes produits sont ici.
Exercice 1 : Regarder la vie, tant qu’y en a.
Installez-vous avec les autres participants à la terrasse d’un café ou d’un restaurant, ou bien en près de la vitre, dans un lieu qui ne vous est pas immédiatement familier. Racontez cet endroit, dans le futur.
Quand tout le monde a écrit, on partage les textes à voix haute.
Exercice 2 : rebonds en territoire non-familier
Toujours au même endroit, échangez votre futur avec celui de votre voisin d’en face et continuez son récit ou bien posez un autre récit situé dans le même futur.
Quand tout le monde a écrit, on partage les textes à voix haute.
Exercice 3 : 200+
Installés dans un café ou un bistro, en pouvant voir dehors. Décrivez ce lieu dans le futur, à plus de deux cents ans de nous.
Quand tout le monde a écrit, on partage les textes à voix haute.
Exercice 4: 10-
Dans le même lieu que précédemment, même exercice, dans à moins de dix ans dans le futur.
Quand tout le monde a écrit, on partage les textes à voix haute.

Vers une théorie de la fatigue mentale

– Grand soleil sur le Grand Paris en ce bel après-midi de juin, pour le défilé populaire pour contester les premières mesures du gouvernement fraîchement élu !

– Oui Micheline, heu-reu-se-ment que nous avons élu Emmanuel Macron, il est tout de même beeeeaucoup plus facile de manifester dans un monde d’ultralibéralisme sauvage que sous un fascisme totalitaire, et c’était bien la raison de convaincre tous ces abstentionnistes de glisser leur bulletin dans l’urne.

– Attendez Groucho, voici l’ouverture du cortège par la CFDT dans un superbe ensemble bleuasse dilué dans un rosé côte de Provence bien glacé !

– Aaah la Provence et ses sabots…

– Oui, pas mal de sabots faits main d’ailleurs chez les travailleurs de la CGT du cortège suivant, on notera la taille occitane aussi, au couteau à fromage…

– La CGT oui, mais pas que, vous remarquerez les nouveaux bonnets rouges – trempés dans du sang d’agneau à ce qu’on dit. Une bien belle tradition…

– Voui, et la serpe en objet décoratif, portée à la ceinture d’ailleurs, étonnant retour à nos valeurs malgré le capitalisme brutal.

– Le pays résiste…

– C’est la marche de la France en Marche, tous ensemble unis, quelle est belle cette France qui marche.

– Ca marche !

– Et oui ça marche, c’est beau, ça marche droit, bien droit, droit dans le mur !

– Un bien beau mur dans son drapé de crépi, bâti par les petites mains des artisans du Sud-Ouest, coopérative à but lucratif en tunique mordorée, avec épaulettes à pompons, l’uniforme traditionnel des zouaves de Toulouse. Derrière, voici le préfet et sa toge romaine en macramé, tressée à ce qu’on m’a dit par Madame Jospin.

– Et derrière le préfet, on l’attendait tous, le cortège officiel des énarques, sur leurs superbes poneys de Sibérie, le poil peigné…

– Par François Hollande !

– Le passage de pouvoir entre le poney et le poulain. Vive l’alternance !

– Et oui, c’est magique, c’est la France, que c’est beau, toutes ces couleurs, le chamarré d’un espoir…

– Eeeet voici le dromadaire du Cirque Pinder !

– Un bien bel animal, mais qui sont donc ces lutins ?

– Attendez je consulte le programme… oui, ce sont les nabots de Star Wars !

– Alors on dit pas nabot, on dit jawas.

– Nos meilleurs analystes politiques, qui ont su élever le débat au-delà des pacotilles des terres du milieu, en robes de bure. Mais où est l’église catholique ?

– La voici, main dans la main avec la maternelle Barbarin du 11ème, une classe d’exception qui n’a pas hésité à nous faire part de sa fine analyse du combat en scandant à travers l’école publique ce slogan que nous connaissons tous comme le missel : “Plutôt Macron aujourd’hui que le FN dans 5 ans, ne nous ruinez pas notre CP !”

– La France les a entendus, c’est un jeunisme de bonne allure. Voici les gérontologues de la Sécu en combo sexy shorts et birkenstocks – la Sécu qui, on le rappelle, changera finalement de nom l’année prochaine.

– La Cul-Sec !

– Faut finir le verre !

– Tous les verres !

– Et voici le beaujolais nouveau dans son écrin de paille qui crie sa rage de voir enfin trembler l’Etat, cet état qui nous domine et que nous pouvons, nous, à tout moment renverser, nous le pouvoir, nous la rue, nous la mode.

– En France, même le vin vote.

– C’est notre premier citoyen Micheline !

– Ahlala mais la mode, que c’est beau, ces banderoles, ces fumerolles, ces profiteroles ! Mais que sens-je ? De la merguez !

– Dans un magnifique paréo tropical, le Parti Communiste !

– Eh oui ! Méluche reste chez toi, les vrais rouges sont de retour, en sandales et chaussettes, de vrais petits allemands.

– Mais où est Henri Krazucki ?

– Il nous manque le Krazuck.

– En termes de mode, il avait déjà tout compris. Souvenez vous, la cravate beige ! Mais où est Fillon ?

– Juste derrière Séguéla. Quelle classe.

– On dirait Derrick.

– Aaah mais voilà, dans un déferlement de hourras et de vivas, Les rôlistes Amis de Facebook, qui si ont bien su moraliser la vie publique et responsabiliser l’opinion publique, en armure de mousse, évidemment, portant fièrement leurs vorpales en tube de plexi.

– Parfait, c’est beau, on dirait du veau !

– Enfin de l’art Hallal !

– En parlant de veau, voici, drapé dans une côte de porc maison, Nicolas Sarkozy, grand végétarien devant l’éternel qui a su mettre ses convictions de côté pour nous faire le spectacle, c’est tendance, c’est la France.

– A la pointe, oui Michel, ah mais que vois-je, les pères de familles en petit pull sur les épaules, et les Kooples, et les Popples ! Le syndicat des éditeurs, une plume dans le cul, c’est inspirant !

– C’est la culture dans la rue, et dans son costume de livre, voici que trébuche Louise Bourgeois.

– Que lis-je donc sur la tranche ?

– “Le Petit Prince” !

– Evidemment !

– C’est bien le palais de la langue française qui déploie ses trésors sur le pavé cet après-midi, ce festival de merveilles d’exceptions, notre Sfar qui déboule en solex, il fallait bien se fendre d’un philosophe.

– Il fend la foule et que nenni, il est tout nu, quelle audace ! Un ruban autour des couilles, tout de même, quel poète.

– Et le cortège des post-religions post-cathos, post-râteaux – juifs, musulmans, bouddhistes, jedi… Tous ensemble contre le racisme institutionnel du fascisme quotidien, et qui dissout dans le capital son horizon spirituel. Un bien beau sacrifice que leurs Dieux apprécieront.

– Une hécatombe et ça repart ! Des cotillons sur les costumes, tout est beau, la révolte, la révolution, belle comme une rebelle, nous les enfants de la liberté dans une pochette surprise, tous motivés pour clamer notre haine et prendre parti, oui, prendre parti contre la haine et les partis, les parti-pris et le FN. C’est dans la rue que démarre le changement.

– C’est maintenant.

– Et le dragon du nouvel an chinois tout de soie cousu, crachant ses flammes sur les dromadaire. Les CRS ferment le cortège dans leur ensemble camo facho, les tanks commencent à tirer, c’est l’halali !

– La la la !

– Un coyote affamé traine la patte derrière, tirant la langue. Il flaire la merguez.

– Pauvre vieux.

– Où est Francis Lalanne ?

– Qu’est-ce que ca pue…

– Il faut porter des masques de ski !

Extravaillance / Working Dead

Zanzibar était à la cité du design de St-Etienne et a produit des concepts et des textes pour la séquence Extravaillance / Working Dead.

Communiqué de presse (dans le genre très communiqué de presse)

Un article d’Usbek & Rica (beware : Damasio inside)

Et surtout, une collection de mises en son magnifiques signées Phaune radio !

A écouter sur soundcloud (pour certains) ou à télécharger ci-dessous (pour d’autres), pour les coller dans votre podcasteur favori.

(c) Zanzibar pour les textes & (c) Phaune radio pour la mise en sons.

Soundcloud de la Volte

Section A : atmosphères
A04
A05
A06
A07
A08
A09

Section B : des nouvelles sonores
Paume
Proteodie
Apissa
Terre
Angela
Ganz
Bourricot
Board

Section C : objets
Mirror
Gobelet
No more value
Calcaire
Temari
Data2debt
Papier
Famas

 

 

 

Ensuite, c’est la guerre

Ensuite, c’est la guerre est un texte commandé à Zanzibar par Libération, qui l’a publié en janvier 2017, après l’avoir faussement attribué, en avoir coupé des morceaux et changé le titre, sans en parler à Zanzibar, qui n’a pas trop apprécié. En voici la version originale avec attribution d’auteur correcte.

30

Je prévois de quitter le labo tôt et de finir en route le boulot de l’année ; évidemment, j’embarque en catastrophe dans le dernier convoi. À Satory, je dois flasher deux fois mon grade pour qu’on me civilise un siège du compartiment militaire. J’installe mon bureau, commande une chicorée, essaie de me concentrer sur les zones de faible résistance du leak danois.

En fond d’écran, les datafileurs balancent les tendances de la Patrie. Avec les fêtes, sans surprise, le taux d’apaisement est à la hausse. Jacqueline de Clisson (44190) déclare qu’aucun acte de terreur n’est à craindre d’ici à Nouvel An. D’autres visages, d’autres opinions glissent. Dans les données surimprimées, je commence à intuiter la fissure structurelle qui permettra de craquer le code et de plier ce dossier avant le week-end.

Le convoi sort du tunnel, mes oreilles claquent. La Loire vient s’inscrire en long dans le hublot, noire et argent sous la lune. Les champs bâchés étincellent de givre. Les têtes des silos clignotent. Comme à chaque fois que je rentre, j’ai l’impression d’avoir embarqué pour un voyage dans le temps. Rien ne change plus lentement que nos campagnes.

La façon dont les algorithmes créent les tendances en agrégeant des données anonymes ressemble beaucoup aux schémas narratifs qu’imposaient les films à succès au début du siècle : les médias changent, les besoins restent les mêmes. Nous attendons toujours des informations qu’elles se conforment à nos préjugés.

Je retourne à mes cryptages. Ma concentration est en miette.

Lire la suite : Ensuite, c’est la guerre.

Onze intuitions de Clara Makowski

Texte Zanzibar lu le 13 octobre 2016 dans le cadre d’une conférence des journées de la science sur le futur de la physique fondamentale.
En voici la matrice :

Dans la première moitié du 21e siècle, par un jeudi d’octobre, alors qu’elle [retirait de l’argent liquide au distributeur automatique de son agence bancaire de quartier], Clara Makowski eu l’intuition d’un monde à 11 dimensions, dans lequel les modèles de la relativité générale et de la physique quantique devenaient enfin intercohérents. On considère aujourd’hui que c’est à partir de ce point de l’espace et du temps qu’a pu s’épanouir le système unifié, cadre de toute physique contemporaine.

et au bout de ce lien, les itérations, versions textuelles, et ici la version audio !

1000 jours en mars

luttes / avenirs

Le 31 mars 2016 au soir, la Nuit Debout a pété les calendriers. Depuis, le mois de mars s’étire. Personne pour prédire jusqu’à quand il durera.

« 1000 jours en mars » est un projet d’écriture à mille mains, une fabrique bricolée de mille futurs possibles.

– Choisissez une date, entre demain et le 1000 mars 2016.
– Écrivez ce qui s’y passe, comment on y vit, ce qui a changé ou est resté le même.
– Signez de votre nom réel, imaginaire ou inexistant.
– Postez le texte sur https://1000.zanzibar.zone, envoyez-le à 1000joursenmars@zanzibar.zone, partagez-le sur la page facebook : 1000 jours en mars
(- Dès que l’outil sera en place (c’est en cours de bricolage), on rapatriera le contenu du pad « au propre » pour ceux qui veulent juste lire)
– Le contenu du pad sera épisodiquement rapatrié [ici], pour vous permettre de retrouver, au fil du projet, de quoi nos demains seront fait

« 1000 jours en mars » invite à imaginer collectivement les un-peu-moins de trois années qui arrivent. C’est de la science-fiction, en prise directe avec le réel. Un endroit où formuler des espoirs, des attentes, des craintes. Où se raconter puis raconter aux autres les histoires de ce qui va se passer.

Si vous êtes aux Nuits Debout qui existent déjà, ou si vous prévoyez d’en monter de nouvelles, on va essayer de créer un kit pour des ateliers « 1000 jours en mars » sur les places occupées, avec papier de bois, crayons de papiers et petits cris d’encouragement.

1000 jours en mars est lancé par le collectif Zanzibar. Tout ce qui retombe vous appartient. Si vous savez quoi en faire, prenez-le sans demander : il n’y a rien à voler.

ta vitesse plafond

1. Alice, 22 ans
2. Titus, 24 ans
3. Félix, 19 ans
4. Luce, 21 ans

Se détendre les poings, en rupture de songe sédentaire, pour un trépignant vis-à-vis avec l’idée, ainsi qu’une envie prend ou bouger : mais la génération semble peu agitée, outre le désintéressement politique, du souci d’extravaguer du corps. Excepté la monotonie, certes, d’enrouler, entre les jarrets, sur la chaussée, selon l’instrument en faveur, la fiction d’un éblouissant rail continu.

Stéphane Mallarmé, l’action restreinte