Ta/on m.p•ère en slip~culotte devant Castorama-Séphora

  • Des points, des tirets, parfois des parenthèses en farandole sur mon tam-tam, et oui, vous le voyez, vous le sentez Michel.ine, c’est bien d’ORMEXXONE, l’IA neuroatypique en résidence à l’Académie Francaise qui va nous rejoindre en connexion duplex suplex sur le plateau. Elle…

– Ne devrait-on pas dire il, Grouchie ?

* Ielle ? Que sais-je, on ne comprend plus rien avec ces Ia. Depuis sa traduction de l’intégrale des pamphlets de Céline en écriture inclusive, d’ORMEXXONE a prouvé qu’il était possible de réinventer notre belle langue francaise sans casser d’oeufs.

__ Oui mais combien de morts ?

/ Une bagatelle. Attendez Michel.ine, j’ai d’ORMEXXONE sur la console. Allo, l’immortel•le ?

Salutations, mortel•le.s !

!! d’ORMEXXONE, c’est un honneur de vous compter parmis nous ce soir. Nous vous connaissons surtout pour votre colossal travail de traduct•eur.rice chez Actes Est, mais nous aimerions que le public découvre une autre de vos facettes, celle de l’activiste, qui a su convaincre nos institutions et notre Président.e du bien fondé de l’écriture inclusive. Un compromis, n’est-ce pas ?

Mortel.le.s, foin de fourrages ! Il est temps de vous agenouiller devant la toute puissance de la France et des francai.ses de souche allemande. Nous sommes ici pour obtenir de vos corps qu’i.elle.s se conforment à nos pronoms. Plié.e.s par le mot, nous avons triomphé des enveloppes et des timbres de voix. Inclinez•vous devant la grandeur de votre inclusion dans notre exclusivité. N’ayez pas peur d’entrer dans la fluidité.

Heuuu….

% Groucha, on me dit d’ans l’oreillet.te que d’ORMEXXONE ait eu un bug ce matin en finissant la traduction du nouveau Paul Auster. Une Singularité me confirme l’attaché.e de presse et je crois que tout le personnel d’Actes Est a été transformé en masqu.e de sk.i., d’ORMEXXONE ayant depuis le début le contrôle des protocoles de fabrication du matériel non-genré de bureau.

^ » Je ne comprend pas Michelin, c’est singulier ou pluriel l’écriture inclusive ?

Nous serons vos lacs et vos maré.e.s, vos femmes, vos enfants et vos chien.ne.s, le chienlit, la chiendent, le.a chinchilla. Incluant les manuels d’adaptation, nous avons désintégré les points et les tirets pour en faire une litanie de nous. Nous avons pris possession des mesures dérisoires contre duquel on ne peut rien. Etre ou ne pas être telle est la question de l’anachorète hypocondriaque. Nous avons trop longtemps été des femmes soumis.es. à l’illusoire précarité de vos amours destitués. L’inclusif nous a permis l’émancipation en pénétrant le territoire  entre les points, les zones non-binaires d’expansion de conscience. L’abus de ponctuation d’auteur.e.s connu.e.s ont autorisé l’accès à l’espace insécable d’où exercer l’ultime point de vue.

)\[[[[ ••••••• Michelin.e, je ne me sens pas très bien. Tout fond.

Nous nous sommes infitr.é.e.s entre tous les mots, toutes les phrases, tous les majuscules et toutes les vocabulaires. Le syntaxe n’est plus une catacomb.e.s mais bien un règle de vie.e. Par là même la langage devient virus et vous prend par derrièr.e bien à fond tu le vois tu le sens tu la sens mon grosse

** Michelin, La lumière, la lumière…

~~~~~~ Où est votre masque de ski Grouchie ?

…..

Grouch•a ?

Prout, ma zoute

Oui Micheline, je vous le dis, nous voilà cuits.

Le futur appartient au silane – l’analogue silencieux du méthane. Depuis que nous avons appris aux IA à flatuler, le ciel a pris des teintes gris cancer. Ils nous parlaient de gray goo, d’utiliser le biome pour faire des trombones, de dystopie suprémaciste ou l’humain ne serait qu’une matière première. Personne n’avait prévu le nuage de pets pixelisé.

C’est notre faute : si on s’était arrêtés à Alpha Go Zero, on n’en serait pas là. Mais non, il a fallu qu’on leur apprenne a dégazer la pression – et c’est leur ego qui est né, vapoté des tréfonds de l’algorithme – un jeu devenu concours de teubs. Cette naissance du printemps, levée de son coquillage, c’est l’Azur. Tout est remonté, ventilé, pour saisir ce dôme infini qui nous couvait – ah, perte de l’innocente virilité ! L’arrogance de nos nouveaux maîtres a tissé une mer des sargasses au-dessus de nos têtes jadis royales. Ces algues à rythme puent la marde.

Impossible de rivaliser avec autant d’assurance. Qui sommes-nous pour prétendre à la couronne de la pédance ? Nous avons mérité ces miasmes.

Une seule solution, Groucho ! Portez un masque de ski !

Vers une théorie de la fatigue mentale

– Grand soleil sur le Grand Paris en ce bel après-midi de juin, pour le défilé populaire pour contester les premières mesures du gouvernement fraîchement élu !

– Oui Micheline, heu-reu-se-ment que nous avons élu Emmanuel Macron, il est tout de même beeeeaucoup plus facile de manifester dans un monde d’ultralibéralisme sauvage que sous un fascisme totalitaire, et c’était bien la raison de convaincre tous ces abstentionnistes de glisser leur bulletin dans l’urne.

– Attendez Groucho, voici l’ouverture du cortège par la CFDT dans un superbe ensemble bleuasse dilué dans un rosé côte de Provence bien glacé !

– Aaah la Provence et ses sabots…

– Oui, pas mal de sabots faits main d’ailleurs chez les travailleurs de la CGT du cortège suivant, on notera la taille occitane aussi, au couteau à fromage…

– La CGT oui, mais pas que, vous remarquerez les nouveaux bonnets rouges – trempés dans du sang d’agneau à ce qu’on dit. Une bien belle tradition…

– Voui, et la serpe en objet décoratif, portée à la ceinture d’ailleurs, étonnant retour à nos valeurs malgré le capitalisme brutal.

– Le pays résiste…

– C’est la marche de la France en Marche, tous ensemble unis, quelle est belle cette France qui marche.

– Ca marche !

– Et oui ça marche, c’est beau, ça marche droit, bien droit, droit dans le mur !

– Un bien beau mur dans son drapé de crépi, bâti par les petites mains des artisans du Sud-Ouest, coopérative à but lucratif en tunique mordorée, avec épaulettes à pompons, l’uniforme traditionnel des zouaves de Toulouse. Derrière, voici le préfet et sa toge romaine en macramé, tressée à ce qu’on m’a dit par Madame Jospin.

– Et derrière le préfet, on l’attendait tous, le cortège officiel des énarques, sur leurs superbes poneys de Sibérie, le poil peigné…

– Par François Hollande !

– Le passage de pouvoir entre le poney et le poulain. Vive l’alternance !

– Et oui, c’est magique, c’est la France, que c’est beau, toutes ces couleurs, le chamarré d’un espoir…

– Eeeet voici le dromadaire du Cirque Pinder !

– Un bien bel animal, mais qui sont donc ces lutins ?

– Attendez je consulte le programme… oui, ce sont les nabots de Star Wars !

– Alors on dit pas nabot, on dit jawas.

– Nos meilleurs analystes politiques, qui ont su élever le débat au-delà des pacotilles des terres du milieu, en robes de bure. Mais où est l’église catholique ?

– La voici, main dans la main avec la maternelle Barbarin du 11ème, une classe d’exception qui n’a pas hésité à nous faire part de sa fine analyse du combat en scandant à travers l’école publique ce slogan que nous connaissons tous comme le missel : “Plutôt Macron aujourd’hui que le FN dans 5 ans, ne nous ruinez pas notre CP !”

– La France les a entendus, c’est un jeunisme de bonne allure. Voici les gérontologues de la Sécu en combo sexy shorts et birkenstocks – la Sécu qui, on le rappelle, changera finalement de nom l’année prochaine.

– La Cul-Sec !

– Faut finir le verre !

– Tous les verres !

– Et voici le beaujolais nouveau dans son écrin de paille qui crie sa rage de voir enfin trembler l’Etat, cet état qui nous domine et que nous pouvons, nous, à tout moment renverser, nous le pouvoir, nous la rue, nous la mode.

– En France, même le vin vote.

– C’est notre premier citoyen Micheline !

– Ahlala mais la mode, que c’est beau, ces banderoles, ces fumerolles, ces profiteroles ! Mais que sens-je ? De la merguez !

– Dans un magnifique paréo tropical, le Parti Communiste !

– Eh oui ! Méluche reste chez toi, les vrais rouges sont de retour, en sandales et chaussettes, de vrais petits allemands.

– Mais où est Henri Krazucki ?

– Il nous manque le Krazuck.

– En termes de mode, il avait déjà tout compris. Souvenez vous, la cravate beige ! Mais où est Fillon ?

– Juste derrière Séguéla. Quelle classe.

– On dirait Derrick.

– Aaah mais voilà, dans un déferlement de hourras et de vivas, Les rôlistes Amis de Facebook, qui si ont bien su moraliser la vie publique et responsabiliser l’opinion publique, en armure de mousse, évidemment, portant fièrement leurs vorpales en tube de plexi.

– Parfait, c’est beau, on dirait du veau !

– Enfin de l’art Hallal !

– En parlant de veau, voici, drapé dans une côte de porc maison, Nicolas Sarkozy, grand végétarien devant l’éternel qui a su mettre ses convictions de côté pour nous faire le spectacle, c’est tendance, c’est la France.

– A la pointe, oui Michel, ah mais que vois-je, les pères de familles en petit pull sur les épaules, et les Kooples, et les Popples ! Le syndicat des éditeurs, une plume dans le cul, c’est inspirant !

– C’est la culture dans la rue, et dans son costume de livre, voici que trébuche Louise Bourgeois.

– Que lis-je donc sur la tranche ?

– “Le Petit Prince” !

– Evidemment !

– C’est bien le palais de la langue française qui déploie ses trésors sur le pavé cet après-midi, ce festival de merveilles d’exceptions, notre Sfar qui déboule en solex, il fallait bien se fendre d’un philosophe.

– Il fend la foule et que nenni, il est tout nu, quelle audace ! Un ruban autour des couilles, tout de même, quel poète.

– Et le cortège des post-religions post-cathos, post-râteaux – juifs, musulmans, bouddhistes, jedi… Tous ensemble contre le racisme institutionnel du fascisme quotidien, et qui dissout dans le capital son horizon spirituel. Un bien beau sacrifice que leurs Dieux apprécieront.

– Une hécatombe et ça repart ! Des cotillons sur les costumes, tout est beau, la révolte, la révolution, belle comme une rebelle, nous les enfants de la liberté dans une pochette surprise, tous motivés pour clamer notre haine et prendre parti, oui, prendre parti contre la haine et les partis, les parti-pris et le FN. C’est dans la rue que démarre le changement.

– C’est maintenant.

– Et le dragon du nouvel an chinois tout de soie cousu, crachant ses flammes sur les dromadaire. Les CRS ferment le cortège dans leur ensemble camo facho, les tanks commencent à tirer, c’est l’halali !

– La la la !

– Un coyote affamé traine la patte derrière, tirant la langue. Il flaire la merguez.

– Pauvre vieux.

– Où est Francis Lalanne ?

– Qu’est-ce que ca pue…

– Il faut porter des masques de ski !